I said once I said perhaps it is true that what makes poetry possible is a small country. Big countries cannot really make poetry02 because they do not cannot all when they say the same thing feel as they do. By this I mean. All this I mean. Now when I said this did I mean that poetry is what is seen03. Suppose I do mean this. Poetry may be what is seen and it often is. Poetry is not identity no that it never is. Poetry may be time but if it is then it is remembered time and that makes it be what is seen. And so poetry a great deal of poetry is what is seen. And if it is then in so far as it is it is not a master-piece. What is seen may be the subject but it cannot be the object of a master-piece. But a great deal of poetry is made up of subject and if it is then it is not a master-piece. In a small country04 where the land is not flat and where as you look you see what it is if it is as it is a great deal of poetry can and will and shall and must and may be written. And that is as it is because anybody saying anything anybody knows what it is. But in a large country and even in a small one if it is flat not every one can see what it is when they see what it is. It is because of this that so much poetry of what it is that is seen is written in a small country that is not flat and that can go on to do what it has to do. But in a flat country it must have content but not form and that may make a master-piece but is it poetry. Master-pieces master-pieces there is no use in asking where are you because that everybody knows but what are you well that may be nobody knows. Well anyway poetry is poetry and a great deal of poetry says what is seen as it is, says what it is as it is seen. Yes.
DANS SABOTER IL Y A BEAUTÉ
I said once I said perhaps it is true that what makes poetry possible is a small country. Big countries cannot really make poetry because they do not cannot all when they say the same thing feel as they do. Il n’y a pas de monde commun qui préexiste à l’expérience que l’on en fait. Il n’y a que des formes de communisation qui rendent le monde ingouvernable. By this I mean. All this I mean. Maintenant quand j’ai dit tout cela la seule chose qui me pose question c’est pourquoi j’aime autant voir les vidéos de Taranis news. Voir un petit territoire se fragmenter. Notre question poétique était ces derniers temps puis-je être affirmatif sur ce que mon corps ne peut pas. Je voudrais réfléchir à cela. Je ne peux pas pourtant quand je regarde la destruction des rues je respire. Enfin. J’ai beaucoup ri quand j’ai lu l’empire en pire. Maintenant quand j’ai dit tout cela. Une interrogative manière en extension Poetry is not identity no that it never is c’est une question poétique c’est une question de poétique. Se fabriquer un ennemi qui lui-même te fabrique. C’est une question de poétique de fabriquer l’image juste de l’ennemi et une question de poétique, un geste un mot que de ne plus avoir d’image. C’est une question de poétique et non de pays, la question c’est l’histoire que je vais faire va nous extraire de la nasse historique. Il faut assiégier le centre. C’est une question de poétique ce n’est pas une question d’être. Poetry may be time but if it is then it is remembered time and that makes it be what is seen. Maintenant quand j’ai dit tout cela une interrogative–manière, maintenant il ne s’agit pas de faire voir la police issue de l’OAS défonçant le crâne des manifestations, la question de poétique c’est de faire sentir que comme Anna Karina dans Made in USA : « je n’ai pas de mot pour dire à quel point je hais la police ». C’est une question, il ne s’agit pas de voir, c’est une question d’entrailles c’est une poétique question. « Oui moi aussi j’oublie à chaque fois notre histoire. Ce doit produire cela l’histoire des vaincus une guérilla de récit. On perd toutes les batailles mais on peut encore persévérer dans ses minorités. Make a master-piece but c’est une question de poétique quand AnnaKarina dit dans Made in USA : « Je n’ai pas de mot pour dire à quel point je hais la police. » C’est quand même la plus belle chose qui me soit arrivée, que j’ai vu 2005 et tout ce feu, voir non c’est une question de feu.
01. Karl Marx, c’est son anniversaire05. Il y a deux cent ans de cela06+07. La fête à Macron08. Déferlement de cars de CRS. 2 000 ils sont. Gertrud de Dreyer, c’était en 6409. C’est fou, la vache. Con-co-mitant avec 6810. En un seul mot ? Mi(li)tant. Mitar. Ah ah. Sissi See-saw. Did It ? Sea see mer mère11. Avec le texte, je suis passée de territoire à Gertrud à guérilla contre les attaquants de la poésie. Le texte de Mao sur les tactiques de la guérilla12. Que l’espace ne soit pas plat. Comment peu de gens peuvent gagner contre une grosse armée ? Le numéro 5 en mai de la revue Rote Armee Fraktion13+14. Ligne de démarcation bien nette. Être attaqué est une bonne chose15+16. Se fabriquer un ennemi qui lui-même te fabrique17+18. Une idée plate. Flatland (Pointland, Lineland, Spaceland et Surfaceland). Où sont les ouater ? Et water. J’ai oublié de ré-écouter Minister A.M.E.R.19 Le 5 mai 1936, l’Italie annexe l’Éthiopie. Le 5 mai 1789, ouverture des États généraux à Versailles. Le 5 mai 1821, mort de Napoléon à Sainte-Hélène20+21. On peut faire un combat de spectres22+23. Trouver une date commune possible24. Cela nous a pris une séance entière25. Kristin Ross. Mai 6826. Le 10 mai 1981. Pourparlers (1972–1990), Deleuze27+28. Le 2 mai 2011, assassinat-lynchage de Ben Laden29. Le 5 mai 1876, massacre de Batak. Mayday, mayday, mayday, venez m’aider prioritaire sur pan-pan30+31. « Condition sine qua non de toute utopie réalisable : soit la persuasion (convaincre ceux qui pourraient avoir un rôle à remplir) soit la communication directe »32. Les sextraordinaires aventures de Zizi et Peter Panpan, Lauzier.
02. La poésie est impossible dans une nation ; elle est impossible dans un État. La poésie est possible dans n’importe quel pays parce qu’un pays n’est jamais en guerre. De ne pas être en guerre n’en fait pas un endroit en paix mais un endroit de paix.
03. La poésie n’a pas d’yeux, la poésie n’a pas d’oreilles. Mais elle a des mains. Poésie-aphasie, et amnésie. Poésie épidermique. Poésie réellement comme l’air ou la chair. Peinte sur les eaux du Rhin. Poésie sans Dieu, évidemment. Poésie studieuse, étude des monstres. Poésie chorale d’une communauté de monstres. Mots d’une poésie qui dit les animaux jumeaux de la nuit : chiens-loups, loups-garous, vampires, chimères : oui, un abécédaire de monstres. Poésie d’ombres, apologie des ombres. La poésie a des mains comme la mer. La mer a des mains. Lorsque votre corps plonge dans la mer, elle l’attrape, le caresse, le presse, s’agrippe. Elle ne vous voit pas, ne vous entend pas mais vous touche avec ses milliards de mains–comme vous l’avez déjà senti lorsque votre corps coule à travers les vagues, n’est-ce pas ? La poésie ne voit rien33, la poésie n’entend rien34. La poésie a des mains avec lesquelles elle caresse matières, textures–tout le sable de toute la Terre, tous les corps de toute la Terre, tous les textes tatoués à la surface de la Terre35. La poésie a des mains avec lesquelles elle suit les lignes et les creux d’un visage, volumes et arêtes mobiles de dunes, d’un désert, la ligne fuyante d’un trajet d’étoile à travers le ciel. Poésie, donc36, divagante. Ambiguë. Approximative. Inachevée. Imprécise37. Les mots sont les mains de la poésie. Les mots ne disent rien38, les mots ne voient rien. Les mots sont des chiens, des estuaires, des lacs, des absences. Les mots touchent, tâtonnent, pressent, déchirent, appuient sur votre œil jusqu’à ce qu’il explose. La poésie enfonce ses mains dans votre gorge jusqu’à ce que votre gorge saigne. Jusqu’à l’étouffement, l’asphyxie, comme lorsque vous vous noyez dans la mer. Dans la mer nous sommes désarticulés. Comme les mots39. Comme les phrases désarticulées de la poésie lorsqu’elle s’enfonce dans la mer. Désarticuler, c’est-à-dire un cri, le cri, le balbutiement d’une bouche muette, lèvres ouvertes qui ne disent rien, poings enfoncés jusqu’au fond de la gorge. Vos mains s’ouvrent alors dans vos poumons et en arrachent des lambeaux. Vos mains s’étendent et déchirent le plexus. Vos mains se déplient et lacèrent vos côtes car vous avez des griffes qui transpercent de part en part… Il y a des mots accidentels, des phrases nées d’une désarticulation, d’une érosion, d’une fracture. Des phrases qui survivent à leur propre engloutissement. Des phrases comme des transitions, ou la paraphrase d’une matière qui n’est pas du langage–peut-être des algues, la vase d’un marais ? Ces phrases sont avant vous, avant l’homme, ou pour quand l’homme n’existera plus. Des phrases qui se créent à la surface des eaux40. Des phrases qui seraient des rêves de phrases et d’eau, îles et mers. Phrases avant les phrases et jamais prononcées, vous comprenez ? Le plus souvent, les phrases sont délimitées, fermées. Mais, d’autres fois, les phrases sont seulement un enchevêtrement de mots et les textes un enchevêtrement de phrases. Ces textes ne sont jamais homogènes41. Sont au contraire ouverts, infinis, s’éloignant d’eux-mêmes par le parcours de l’infini qu’ils sont, l’espace infini où les phrases se meuvent comme les mots et les corps à l’intérieur de la mer. Il n’y a plus de centre42. Il n’y a que des morceaux juxtaposés, de l’informe43, et aucune phrase mais des intervalles muets, silencieux, qui sont les phrases et les mots de la mer, de ta bouche désarticulée, comme dans le désert, la steppe ou les glaces du Nord : craquements, bruit du vent, cris des animaux de la nuit44. Voici ton corps maintenant éparpillé à la surface de la mer45. Voici ton corps parmi les vents, les bruits, les déchirures et les sons de la mer. Voici ton corps qui est le ciel et les astres du ciel qui se reflètent à la surface de l’eau. Ton corps est l’Atlantique. Ton corps est le désert et l’air. Ton corps n’est-il pas aussi la mer et l’air et le ciel, les nuages ? Et tes yeux, tes oreilles ? Et tes mots46? Tes yeux sont-ils des trous ? Tes mots sont-ils des trous ? Tes mots sont partout sur la mer. Tes yeux sont partout sur la mer47. Tu vois ce que voit la mer, au gré des vagues et des vents, au gré des milliards de fragments d’images morcelées, mobiles, éphémères qui se forment à la surface de ton cerveau qui est la mer lui aussi, l’océan entier, liquide et fou. Tes mots sont maintenant la mer. Tes mots le désert, la steppe. Tes mots sont l’air. Ce que tu dis condense une vague. Ce que tu dis est l’expression concentrée d’un courant marin à travers l’Atlantique. Ce que tu dis voyage à travers l’espace désert de l’océan. Ce que tu dis change de vague en vague, comme le désert qui change sans cesse48. Le désert nomade, comme tes phrases qui sont des distances entre des phrases, non des phrases formées, arrêtées. Toutes tes phrases tordues, qui changent à chaque seconde de direction, le début écrivant l’inverse de la fin–tel un désert, par exemple, où tout change sans cesse. Et la mer, l’océan, l’air49. Tes phrases qui ne disent rien. Tes phrases qui répètent ce rien qu’elles disent et disent encore. Toutes ces phrases que tu n’écriras pas50.
04. Au beau petit milieu d’un petit pays, tout petit et si plat qu’il n’y a rien de plus calme et si petit qu’on le parcourt à pied, d’un sens à l’autre, avec rien autour, sans dénivelés ni voûtes ni empiètement, tout plein de vide, sans limite, sans bordures ni côtes, sans rien même à quoi accrocher ses montagnes absentes ni ses vallées, ses monts, ses forêts, toutes les formes nullement acquises et nullement présentes qui le composent, perdues pour toujours, sans voûte ni ciel, au beau milieu de ce grand plat tout petit : Qui donc est-ce qui n’a ni ? se demande Gertrude, oreilles ni yeux ? mais des mains ? Qui est-ce donc qui ? Ne voit rien mais me caresse et m’agace de ses mille doigts et de ses lèvres ouvertes qui ne disent rien ? J’ai cueilli des lilas mauves dans ce beau petit pays où même l’époux de la reine s’occupe de poésie is poésie :
J’ai cueilli des lilas mauves
Pour joncher notre alcôve
Ne veuille pas que mon rêve
Si plein de toi s’achève
Dans des tourments
Comme un enfant
Je t’attends
En tremblant
Pour un combat d’amants
D’où je sortirai triomphant
–Prince Henrik du Danemark,
in La part des anges
Il n’est pas besoin de mettre de l’eau dans notre souvenir pour que les fleurs ne se fanent pas. Elles poussent directement dans le vase, par génération spontanée. Sommes-nous une génération suffisamment spontanée ? se demande Gertrude. Pour aller Dieu sait où ? La vie nous échappe de toute façon in a flat country, dans un pays sans limite. Qui donc est-ce qui n’a ni ? se demande Gertrude, queue ni tête et s’enfonce dans la mer by this I mean : comment peut-on croire un instant qu’il soit possible de revivre ce qui est mort et enterré ? La tombe de Søren Kierkegaard est au beau milieu de ce petit cimetière tout plat où Gertrude vient chaque semaine lire le Times Literary Supplement. Je ne comprends pas ce deal des petits et des grands pays, seulement des moyens, je crois. Mon coupe-papiers file entre mes doigts comme une arme. Je suis une guérilla pour un combat d’amants. Il y a peut-être quelque chose que j’ai trop tardé à faire. Tu me demandes de rester parce que tu penses que le lien rompu pourrait se rénover. Je pars.
A GREAT DEAL OF POETRY
I said once I said perhaps it is true that what makes poetry possible is a small country. Big countries cannot really make poetry because they do not cannot all when they say the same thing feel as they do. By this I mean. All this I mean. Now when I said this did I mean that poetry is what is seen. Suppose I do mean this. Poetry may be what is seen and it often is. Poetry is not identity no that it never is. Poetry may be time but if it is then it is remembered time and that makes it be what is seen. And so poetry a great deal of poetry is what is seen. And if it is then in so far as it is it is not a master-piece. What is seen may be the subject but it cannot be the object of a master-piece. But a great deal of poetry is made up of subject and if it is then it is not a master-piece. In a small country where the land is not flat and where as you look you see what it is if it is as it isa great deal of poetry can and will and shall and must and may be written. And that is as it is because anybody saying anything anybody knows what it is. But in a large country and even in a small one if it is flat not every one can see what it is when they see what it is. It is because of this thatso much poetry of what it is that is seen is written in a small country that is not flat and that can go on to do what it has to do. But in a flat country it must have content but not form and that may make a master-piece but is it poetry. Master-pieces master-pieces there is no use in asking where are you because that everybody knows but what are you well that may be nobody knows. Well anyway poetry is poetry and a great deal of poetry says what is seen as it is, says what it is as it is seen. Yes.
07. Karl Marx meurt en 1883. J’aurai 111 ans lorsque nous fêterons le bicentenaire de sa mort. Karl Marx a contribué à indiquer deux crises irrémédiables pour la modernité : 1. après avoir transformé l’interprétation de l’être comme puissance en volonté (travail de la pensée occidentale et chrétienne), c’est-à-dire transformé la possibilité d’un « je peux » en un « je veux », il a fallu transformer la volonté en un dispositif de contrainte morale et en un équivalent valeur ; or cette transformation anéantit l’histoire de l’être dans celle du travail ; 2. la tripartition des agir (pratique, poétique, contemplatif) est l’origine d’une interprétation catastrophique du monde qui ne cesse d’affirmer les concepts d’ordre et de technicisation. Ce sont deux indications qui ne peuvent être occultées.
08. La fête à la France c’était le 13 novembre 2015.
14. Le 5 mai 1998, j’avais rendez-vous au Luxembourg, en voiture. J’étais ressortie sans me rendre compte, de l’autre côté du pays avant d’avoir trouvé l’adresse qui était au Centre de la Ville éponyme. Stein parle de territoires, de territoires petits, et de territoires non-plats. Un livre de géographie mentionnerait : accidentés. Elle les oppose aux territoires grands et plats. Là où ne pourrait se fabriquer la poésie. Même condition sine qua non pour la guérilla. Territoires accidentés, cachettes et surtout proximité avec l’ennemi indispensables. Sinon : nécessités de disposer de matériels, de détours mécaniques, de moyens de communication, d’outils industriels, de formations, de mode d’emplois, de normes, de formateurs. J’ai traversé une autre fois dans l’autre sens. En Mai 1972, le numéro 5 de la Revue RAF (Rote Armee Faktion), sur les tactiques de la guérilla :
Être attaqué par l’ennemi est une bonne chose et non une mauvaise chose ; en ce qui nous concerne, qu’il s’agisse d’un individu, d’une armée, d’un parti ou d’une école, j’estime que l’absence d’attaque de l’ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l’ennemi. Entre l’ennemi et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation bien nette.
–Mao-Tsé-Toung
Puis j’ai trouvé. La Guérilla comme communication directe. Yona Friedman milite depuis 1959 pour une utopie réalisable : des villes petites, dont le nombre d’habitants ne dépasse pas un « groupe critique », des communications sans moyens de communication industriels, de l’improvisation et de l’anarchie disciplinée. Les deux conditions sine qua non de réalisation d’une utopie sont la persuasion des individus relais et la communication directe. Table d’orientation d’une poésie réalisée à vue. Is-is not. L’acte est toujours binaire. Fait-pas fait. SEE-SAW. La balançoire. Gertrude affirme 18 fois. Somme. Trois fois, j’avais dû repasser la frontière. Nous vivons du mensonge ontologique de nos grands pays. Stein ment et par ses mensonges, nous rions.
18. La construction des nations. Elle ne se fait que par la construction d’une mythologie et l’interdition d’une mythogenèse. Il est nécessaire de créer une peur et l’origine d’une peur que personne ne connaît ni ne voit mais que chacun peut imaginer, que chacun peut partager comme mythologie. Cela relève de la puissance de « machines » que le philosophe italien Furio Jesi disait « vides ». Doublement vides, parce qu’elles n’ont au fond ni contenu ni contenant. Mais il faut nous nourrir l’appétit des mythes et des dévoreurs de mythes. Il est alors nécessaire d’en créer. Et puisque nous sommes privés de politique, alors la politique est le cœur vide de la machine mythologique.
20. Le 5 mai 1813, c’est aussi la naissance de Søren Kierkegaard. Il publie en 1843 l’ouvrage La Reprise. « La reprise est et demeure une transcendance », écrit-il.
I said once I said perhaps it is true that what makes poetry possible is a small country. Big countries cannot really make poetry02 because they do not cannot all when they say the same thing feel as they do. By this I mean. All this I mean. Now when I said this did I mean that poetry is what is seen.03 Suppose I do mean this. Poetry may be what is seen and it often is. Poetry is not identity no that it never is. Poetry may be time but if it is then it is remembered time and that makes it be what is seen. And so poetry a great deal of poetry is what is seen. And if it is then in so far as it is it is not a master-piece. What is seen may be the subject but it cannot be the object of a master-piece. But a great deal of poetry is made up of subject and if it is then it is not a master-piece. In a small country04 where the land is not flat and where as you look you see what it is if it is as it is a great deal of poetry can and will and shall and must and may be written. And that is as it is because anybody saying anything anybody knows what it is. But in a large country and even in a small one if it is flat not every one can see what it is when they see what it is. It is because of this that so much poetry of what it is that is seen is written in a small country that is not flat and that can go on to do what it has to do. But in a flat country it must have content but not form and that may make a master-piece but is it poetry. Master-pieces master-pieces there is no use in asking where are you because that everybody knows but what are you well that may be nobody knows. Well anyway poetry is poetry and a great deal of poetry says what is seen as it is, says what it is as it is seen. Yes.
23. Le spectre n’est pas un fantôme en ce qu’il ne cherche pas d’incarnation. Il est le lieu d’une hantise. Il est ouverture à la densité.
24. Les hasards. Ou plus exactement la contingence. Quelque chose est arrivé. C’est la seule possibilité (et non qualité) de la chose. C’est cela la tâche de la pensée : la possibilité et non la qualité.
25. Au cneai : 1. Centre négatif des esprits anarchiques & insolents & insoumis 2. Circulation nerveuse.
26. Puis l’ouverture, le 27 septembre 1968 du Musée d’art moderne. Département des Aigles de Broodthaers. Il s’agit ici de lutter contre l’idéologie des institutions.
28. Pourquoi réunir des textes d’entretiens qui s’étendent presque sur vingt ans ? Il arrive que des pourparlers durent si longtemps qu’on ne sait plus s’ils font encore partie de la guerre ou déjà de la paix51. Il est vrai que la philosophie ne se sépare pas d’une colère contre l’époque, mais aussi d’une sérénité qu’elle nous assure. La philosophie cependant n’est pas une Puissance. Les religions, les États, le capitalisme, la science, le droit, l’opinion, la télévision sont des puissances, mais pas la philosophie. La philosophie peut avoir de grandes batailles intérieures (idéalisme - réalisme, etc.), mais ce sont des batailles pour rire. N’étant pas une puissance, la philosophie ne peut pas engager de bataille avec les puissances, elle mène en revanche une guerre sans bataille, une guérilla contre elles. Et elle ne peut pas parler avec elles, elle n’a rien à leur dire, rien à communiquer, et mène seulement des pourparlers. Comme les puissances ne se contentent pas d’être extérieures, mais aussi passent en chacun de nous, c’est chacun de nous qui se trouve sans cesse en pourparlers et en guérilla avec lui-même, grâce à la philosophie. –G. D.
29. Scénarisé par Kathryn Bigelow avec la belle Jessica Chastain.
30. La peur panique. Pan. Le seul dieu qui jamais n’ait connu la mort. La mort des dieux dont nous ne sommes plus capables. Nietzsche avait déclaré que les temps modernes du monothéisme sont dramatiques parce qu’ils ne nous ont pas autorisés, durant 2 000 ans, à inventer aucun dieu. La privation de l’invention, l’impossibilité du poétique et la puissance de la mythologie.
31. Mayday c’est plus Rock’n’roll que viens m’aider.
42. Il n’y a plus de pays. Il n’y a plus que des nations, des États et des institutions internationales. Voire des syndicats. Est-il possible de dater la disparition des pays ? Est-il possible d’expliquer leur disparition ? Existeront-ils bientôt de nouveau ?
43. Une mémoire intacte de corps sans forme et dispersés.
51. On ne sait plus. On ne sait plus si la guerre fait partie de la guerre ou déjà de la paix. La poésie ne se sépare pas d’une colère contre l’époque. La poésie n’est pas une puissance. Les religions, les États, le capitalisme, la science, le droit, l’opinion, la télévision sont des puissances. Pas la poésie. La poésie ne peut pas engager de bataille avec les puissances. Elle mène une guerre sans bataille : une guérilla contre les puissances. Comme il y a deux cents ans le faisait Karl Marx face au déferlement de cars de CRS. C’était en mai 1968. C’était aussi une tactique de guérilla pour réunir les conditions d’une Éthiopie réalisable, les conditions d’une Amérique réalisable–autre chose que le seul assassinat de Ben Laden. Peut-être est-ce la vérité, je ne sais pas. Nous ne savons pas. La poésie n’a pas de maître. Mais elle a des mains. Poetry is what is seen. And what is unseen. La poésie pourrait être le souvenir de ce qui n’a pas été vu, de ce qui n’a pas été dit : 14 millions de corps, 14 millions de cadavres, 2 millions de cadavres respirent sous la terre américaine, 250 000 morts respirent sous la terre américaine d’Hiroshima. La poésie voit ce qui est et ce qui n’est pas vu. La poésie n’a pas d’yeux, la poésie n’a pas d’oreilles. Mais elle a des mains. Poésie épidermique, réellement comme la chair. Et étude des monstres, poésie chorale d’une communauté de monstres. La poésie a des mains comme la mer. Dans la mer nous sommes désarticulés. Comme les mots. Comme les phrases désarticulées de la poésie. Désarticuler, c’est-à-dire un cri, le cri.
52. Le 5 mai 2018, l’ONU, Organisation des Nations Unies, compte 193 États Membres pour zéro pays. Le 5 mai 2018, des pays existèrent éphémèrement.
RIP ( 1.2 ) Mayday :
AmandineAndré,SylvieBoulanger,Jean-PhilippeCazier, GillesDeleuze,AntoineDufeu,ChristopheFiat,MaëlGuesdon,Mariede Quatrebarbes,FrankSmith,GertrudeStein,ValentinaTraïanova et FabienVallos. Mise en page et compilée par RafaelRibas. Dirigée par AntoineDufeu& FrankSmith. ‘Maybemay’(8'20) est chanté par ValentinaTraïanova. Publiée avec l’aide de la FondationMichalski.CNEAI,Pantin,5 mai 201852.
Cette édition électronique de la revue RIP ( 1.2 ) repose sur l’édition papier du même ouvrage disponible uniquement lors d'actions éphémères, aléatoires et non prédéterminées réalisées aux quatre coins du monde.
Action 01: Antoine et Frank, 10 exemplaires, Café Beaubourg, Paris ;vendredi 15 juin 2018, 11:25.